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Moule à manquer

Depuis longtemps, je rate. Je manque. J’oublie, pour quinze minutes, deux heures, une vie. Je change d’avis, d’idée, d’endroit, de boulot, d’amour, de quai de gare, de marque de céréales, de couleur de T-Shirt, de thé préféré. Et laisse tout un tas d’inachevés en passant.

Non pas que ce soit si problématique en temps normal, ça non. Enfin pas trop. Enfin disons que mes amis ont le bon goût de ne pas trop souvent me le faire remarquer, et mes connaissances s’adaptent ou s’enfuient.

Mais quand je reviens rapidement sur ces derniers mois, je ne peux m’empêcher de penser : grmblfzkr, comment me suis-je démerdé pour ne pas faire tant de choses ? Oui, j’aime bien faire n’importe quoi avec les négations quand je me cause.

L’anglais a deux très jolis mots qui vont nous servir dans ce contexte : obnoxious, et to postpone

Parce que le temps passant, ça commence à devenir un tout petit peu plus flippant. Pas tellement en terme de productivité ou d’objectifs à atteindre, mais simplement, l’effet d’accumulation rend assez vite irritant tout ça. Le moment où on commence à se dire “tout ça” au lieu de simplement “ça”. C’est là, ça l’a toujours été, mais ça commence à peser un petit poil plus lourd.

Une subtile variation. Un matin (souvent le mardi), tu commences à te dire que ça pourrait vite faire trop. Essayer de rester équilibré, et d’atteindre quand même quelques buts de temps en temps, l’heur de ne pas y toucher. Pour la science (et c’est ma joie). Notons tout de même que pendant ce temps, des objectifs d’importance et de conséquences diverses et variées continuent à se valider tout à fait normalement. Et puis de temps en temps ressurgissent les vieux démons du fail bien gras, du gros ratage qui pique.

Vient s’ajouter la variante procrastinatrice des indécis impatients dans mon genre : la facilité de se dire que ce n’est pas bien grave, puisqu’il suffira de le faire, puis de faire tout ça, plus tard. Un jour. La prochaine fois, demain, l’année prochaine, quand tu auras trente, puis quarante ans. 

Sauf que mécaniquement arrive le moment où l’on commence à se demander si on aura bien la place et le temps de caser tout le retard et quelques imprévus en cours de route. Postponed obnoxiousness.

Bah, on réfléchira à tout ça plus tard. Oh wait…