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[Archive] #pourvuqueçadure #1 Tiers-lieux et design

== Ce billet fait partie des articles postés sur feu blogs.letemps.ch/yann-heurtaux. Ils sont désormais archivés ici. ==

 

Ce billet est le premier d’une série, #pourvuqueçadure.

J’aimerais donner un peu de contexte sur ma contribution écrite à la 10e Biennale Internationale Design Saint-Etienne, qui aura lieu du 9 mars au 9 avril 2017. Ce texte a été publié sur mon Medium il y a quelques jours :

Mon tiers-lieu

Je n’ai pas de définition à offrir pour un tiers-lieu, et ce que ça représente de créer et de chérir les communautés qui en font bien plus que des lieux. J’ai des bouts de vie.
Un tiers-lieu, c’est passer cinq heures à vider des norias de seaux d’eau qui se remplissent à raison de deux litres par minute, pour sauver une armoire serveur d’un dégât des eaux. Parce que pas de WiFi, pas de choco- pas de tiers-lieu. C’est se coucher à 2h du mat’ parce que tu fais la fête pour célébrer la création du spectacle de ton coworker, spectacle qu’il a répété pendant un mois dans ton espace. C’est aussi se lever à 6 le même jour quand même, parce que le lieu ne va pas s’ouvrir tout seul.
Et ça, c’était simplement la semaine dernière, dans mon tiers-lieu.
Je dis «mon», parce que ce commun co-construit, il est aussi à moi, et j’y tiens donc férocement. Faudrait pas trop trop jouer à me l’enlever, juste comme ça, pour déconner. On y travaille, dur, on y construit des amitiés solides, on y rit, on y râle sur un client ou sur ma mère (mais pas trop. On avait dit «pas les mamans»). On y vit.
C’est beaucoup d’empathie, d’amour et de confiance pour, en des gens exceptionnels, ou parfois simplement des humains très banalement normaux, et ça nous fait faire des trucs un peu fous, comme dormir trop peu. Mais qu’est-ce que c’est bon d’être vivant, au cœur des œuvres vives de cette étrange société peut-être en train de mourir. Mais nous, nos communautés, on est bien vivants, debouts. Trop ? Un peu trop parfois, faut croire. Ça peut faire peur aux bétonneurs et aux politiciens d’opérette. /Foert/.
J’abandonne. Ça ne se décrit pas, un tiers-lieu. Vivez-le vous-même, en bas de chez vous, avec les bons autres.

-Yann «shalf» Heurtaux,
Lausanne, 10 février 2016, 5.42 du mat’.
Merci à Yoann pour tout, depuis si longtemps, merci à Sylvia pour tant, au bon moment.

Pourquoi « tiers-lieu » ?

Parce que « coworking is a verb, not a noun. A way of working, not the place to work ». Mais du coup il faut conceptualiser un peu ces lieux hybrides, durs à comprendre tant qu’on n’y a pas mis les pieds (astuce : cessez de me lire, et déplacez-vous dans le plus proche de chez vous immédiatement).
L’ami Antoine Burret, après avoir écrit un livre sur le sujet qui nous a valu de passer en direct à la RTS quand Laurent Caspary présentait Tribu, vient de défendre avec succès sa thèse en anthropo-sociologie : « Étude de la configuration en Tiers-Lieu – La repolitisation par le service »
Il propose la définition suivante :

J’adorerais que ce billet et notre discussion de train il y a une dizaine de jours donnent à Nic Ulmi l’occasion d’une de ces réflexions dont il a le secret à ce propos, dans une édition du samedi du Temps, en passant.

Pourquoi ce sujet dans une biennale de design à Saint-Etienne ?

Parce qu’on nous laisse la hack encore une fois (l’institution n’est finalement pas si prude), et que les conversations qui s’y produisent sont toujours l’occasion de réfléchir un gros peu. Parce que les designers sont des gens qu’on gagne toujours hénaurmément à fréquenter, également. Un exemple de ce qu’on a pu co-produire comme conversations lors de la dernière édition ? Suffit de demander.

Parce que le thème de cette année, Working promesse, interroge le travail tel qu’on le connait, et que le co-commissariat de l’exposition qui propose de s’approprier « L’Expérience tiers-lieux » est une invitation au détournement et à l’amélioration par la co-création et le partage : Fork the world! Un hashtag à suivre : #Dm1TL.
Parce que c’est aussi la ville qui voit se télescoper aujourd’hui les activités de Yoann Duriaux (hacktivisme) et de Sylvia Fredriksson (recherche en design, documentation de processus de co-création innovants), que les deux sont des amis et des professionnels impressionnants bien que monstrueusement méconnus (faut que ça change !).

Pourquoi moi ?

Parce qu’après tout, je fais rarement ce genre de liste, mais qu’il est toujours utile de rappeler d’où l’on parle :

On m’appelle souvent shalf, parce que c’est mon pseudo historique sur les internets mondiaux.
J’ai aidé feu La Muse Lausanne à se lancer début 2013, puis j’ai co-fondé Hackuarium en 2014 et accompagné les communautés d’UniverCité jusqu’en novembre 2015 (je suis redevenu membre du board d’Hackuarium tout récemment).

Je suis actif autour et dans le coworking et les tiers-lieux depuis 2011 en Belgique (où j’ai tout découvert, au Betacowork grâce à mes amis Mateusz Kukulka et Ramon Suarez), en France et ici en Suisse Romande, avec quelques incursions ailleurs en Europe et en Amérique du Nord. J’ai également le plaisir d’avoir été 3 fois bénévole pour la Coworking Europe Conference ces 4 dernières années et d’avoir participé grâce à cela à 2 Copass Camps (Lisboa 2014, Bruxelles 2016) remplis de pionniers de ce beau mouvement et d’humains exceptionnels. Plus largement, j’essaye de vivre et faire vivre depuis plusieurs années les notions de « tiers-lieux » et de « concierge » popularisées principalement par les praticiens stéphanois ces dernières années, pour décrire nos espaces eux-mêmes, et au-delà les interactions dans nos communautés.
En 2015/2016, j’ai servi en tant que membre du board de coworkingCH, l’association qui rassemble entre 70 et 80 communautés et espaces de coworking dans toute la Suisse, et je m’efforce d’aider à une meilleure interaction entre romands créateurs de communautés et opérateurs d’espaces de coworking, avec d’autres, depuis 2014.
En 2016, j’ai co-fondé VillageOffice, puis nos chemins se sont séparés. J’ai également été sporadiquement coworker à Rodez où habite ma maman (et je suis membre à distance de l’association qui opère Coworking Rodez), et à Lausanne chez Work’n’Share et chez Patchwork.

Et maintenant ?

Mes activités actuelles incluent prendre soin de la proto-communauté de La Serre (ouverte en janvier 2017, qui vient de rejoindre coworkingCH) en tant que Lead Concierge.
Je suis également travailleur indépendant, comme la majorité des membres de communautés de coworking, donc n’hésitez pas à me contacter par e-mail si vous pensez que nous devrions travailler ensemble.
Je déteste l’expression « Community Manager » et les règles inutiles ; j’aime le bon café et la bonne bière, artisanaux de préférence.

Pour dépasser cette simple contribution écrite à la Biennale, je cherche toujours un partenaire, que ce soit pour une commande ou un soutien à la production de contenu ou un besoin d’exploration / mise en relation, pour plusieurs contributeurs de la biennale et moi-même. N’hésitez pas à hurler votre amour ou votre curiosité dans les commentaires ou par email.

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