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International, mais pas trop lausannois. #CoworkingDay

Le vendredi 9 août, il y a douze jours, c’était la journée annuelle internationale du coworking. Comme chaque année — c’est un délire courant pour les anniversaires. Joyeux anniversaire, petit verbe conjugué ! Le 9 août, c’est-à-dire exactement la période de l’année où organiser un événement lié au travail, en Suisse romande, est voué à réunir le moins de personnes possible. Pourquoi ? On change ça l’année prochaine ? Ou pas ?

Pour les non-résidents suisses, étonnés de cette improbable relâche chez le réputé si industrieux voisin helvétique, rappelons tout simplement que la fête nationale a lieu ici le 1er août. Du coup, la notion de « ventre très très mou et calme de l’été », sur la plage, à l’étranger, chez soi devant un ventilo, ou au mayen familial devant un barbecue et des feux d’artifice, n’a donc jamais été plus pertinente pour décrire la folle activité dans le pays à cette période.

Mais pourquoi cette date alors ?

Il y a 14 ans, Brad Neuberg proposait aux internets, donc surtout à ses voisins sanfranciscains, la constitution d’un « coworking group » autour d’une routine quotidienne simple et efficace, pour les travailleurs isolés, dans un espace de travail partagé (je vous épargne l’importance de la différence entre le groupe de personnes, la façon de travailler ensemble, et le lieu, vous l’avez je pense). On ne va pas se mentir, on se fait probablement un peu chier et on se sent seul, le 9 août, y’a 14 ans, à San Francisco.

Tony, récemment de retour à New York City après avoir été le Mayor of New Work City (ouvert en 2008, un des premiers espaces de coworking à Manhattan), puis nomade, est revenu dans ce billet sur le contexte de tout ça, par ailleurs rappelé toute l’année dans cette partie de coworking.org
Les ami·e·s d’ailleurs n’ont pas ménagé leurs efforts à l’occasion de cette Journée Internationale. On peut voir dans cette liste un aperçu des événements organisés dans le monde entier, mais surtout en Amérique du Nord cette année.

Pourquoi le Coworking ? à Lausanne ? Avec toi ?

Co-wo- quoi ?

Il n’y a pas de tiret. Même une des autorités les plus influentes en termes d’usage de l’anglais écrit américain l’a reconnu l’an dernier après 10 ans de lobbying de la communauté mondiale. #DeathToTheHyphen

  

Toujours cette fameuse façon de travailler, impliquant des relations différentes de celles qu’on entretient avec la collègue payée par le même employeur (la « co-worker ») ; en l’occurence, une collaboration horizontale entre travailleurs et travailleuses auparavant isolé·e·s, ou « coworkers ». Le verbe actif décrivant leur relation professionnelle, ce travail collaboratif entre pairs, devient tout naturellement « coworking », et roulez jeunesse.

Ce que le mouvement international du coworking, et au-delà, a changé pour moi, et avec qui

Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet. Disons simplement que c’est ce qui m’a permis d’accéder à l’indépendance, parce que je n’arrive toujours pas à me résoudre à me considérer comme simplement employable. Pas toujours à la sécurité financière, mais c’est un autre sujet. En tout cas avec une certaine légèreté retrouvée, grâce à l’interaction dans une communauté professionnelle de pratiques et d’intérêts.
Je dois beaucoup au mouvement mondial, et à certaines de ses figures marquantes, notamment Ashley Proctor, et son attachement à la mission sociale dans et en dehors de nos lieux, mais aussi à la santé physique et mentale des membres de nos communautés (elle et d’autres m’ont fait découvrir le mouvement #CheckYoMate par exemple).
En francophonie, c’est probablement Delphine & Yoann Duriaux et les stéphanois·e·s, avec l’ancrage des tiers-lieux dans les communs, hyper-locaux car en bas de chez soi, à co-construire soi-même avec les autres (du « do-it-yourself » -DIY-, au « do-it-with-others », ou DIWO), qui aura été le plus important pour moi. Cette filiation, pour moi qui vient de l’IT, du jeu vidéo, et des communautés geeks old school, aura été essentielle (vous reprendrez bien un peu de Forge et de Bazar).

Prolongé par l’apport récent des sociologues arides et centraux, puis des designers et des architectes (pour citer des noms, Sophie Ricard via Sylvia Fredriksson, par ex.), pour leur pratique et leur capacité à expliciter pour les autodidactes dans mon genre. On lira utilement le catalogue « Lieux infinis » du pavillon français de la 16e Biennale internationale d’architecture de Venise pour poursuivre sur cette voie, et mieux comprendre les enjeux politiques, culturels et sociétaux de tels lieux. J’espère continuer à explorer ces intuitions avec les copains curieux/cartographes/géologues/énergéticiens comme Clément Epié, Nicolas Loubet ou Charlotte Rizzo et Rieul Techer dans les années à venir. Nos expériences en parallèle et en commun à Paris, Lyon et Lausanne semblent enfin converger ; je m’en réjouis.

J’ai beaucoup employé l’expression « faire ses devoirs » pour faire référence aux nombreuses occasions où je me suis rendu chez l’un·e ou l’autre, pour voir et apprendre de communautés différentes, dans des continents, pays et villes aux contextes culturels et économiques variés, de Saint-Étienne à Austin, via Bruxelles, Lyon, Nantes, Washington DC, Londres, NYC, Manchester, Vienne, Rodez, Dublin, Guéret, Barcelone, Toulouse, Lisbonne, Berlin ou Paris. Avant de tenter de reproduire et d’adapter ce savoir théorique et pratique dans les communautés lausannoises, puis d’à nouveau contribuer au mieux à nos savoirs en communs.
Il est probable que j’actualise et agrège en public toutes ces briques déjà abordées sur scène à Nantes, Lyon et ailleurs ces dernières années, ici à Lausanne, courant septembre ou plus tard, je vous en dirais plus ici quand ça se sera concrétisé (Come to my TED talk, owi !).

Où me trouver, pour travailler à côté de moi, voire ensemble, demain !

Surtout si vous bossez en ce moment sur des thématiques proches des suivantes :

  • Dans la Drêche (valorisation des déchets coproduits organiques maltés issus du processus de brassage de bière artisanale en milieu urbain),
  • Mobilité, ville durable, et vélo-cargo (kargo.bike),
  • Liens hacktivistes-entreprises (dynamiques communautaires entre acteurs que souvent tout sépare mais qui ont parfois des intérêts alignés sans renoncer à un code éthique, prospective & impact sociétal de long terme, rédaction, médiation culturelle & numérique).

Où, donc ?

  • Hubonaut d’été en général le vendredi matin (mais pas toujours), et host du Lausanne Write Club, à Impact Hub Lausanne,
  • Take-over du Coworking Center du WTCL pendant 5 semaines, jusqu’à fin septembre : il y a de belles choses à faire et un écosystème méconnu là-haut,
  
  • Octanis parfois le mardi soir, Hackuarium souvent le mercredi soir (attention c’est un piège, ces 2 associations partagent le même toit à Écublens, m1 Crochy),
  • Suspense : Nantes risque de revenir aussi très fort sur la carte, on se redit quoi très vite.

Et l’année prochaine, on le fête ce 9 août ou bien ?

Commençons peut-être par un apéro de rentrée, c’est probablement plus vaudois.

Des amis à lire

Brouillonné au Lausanne Write Club en deux fois, publié au WTCL, édité dans le tram vers Hackuarium.