C’est marrant un blog.
C’est un condensé de tout ce qui est « oui mais pas trop » dans notre civilisation de foufous. ‘Fin dans notre civilisation tenue par des sinistres qui essayent de garder le contrôle sur des foufous qui s’en foutent un peu tant qu’on les fait pas trop chier, parce que c’est pas très téméraire non plus tout ça ma pauv’dame voyez vous.
Le « oui mais pas trop », donc.
Bon déjà, ouvrir un blog maintenant, et je parle sous le contrôle d’au moins un éventuel dinoblogueur qui passerait éventuellement par là durant un ennui de nuit tout aussi éventuel qu’improbable (hautement), c’est arriver largement après la bataille. Tout a été dit, ou presque. Pis y’a tout plein de gens bien plus au courant / drôles / « influents » que toi sur le secteur.
Donc tu peux faire genre t’es un foufou, mais pas trop, parce que la blague du gars qui réinvente la roue à téléphoner au beurre chaud, c’est assez ridiculement éculé. Cette locution vous permettra un échauffement de la diction assez poussé avant toute prise de parole en public. C’est offert par la maison.
Bon évidemment, même ma grand-mère (‘fin c’est théorique, la seule grand-mère qui me reste est hémiplégique, et même si elle est restée très fofolle, enfin je crois, je ne la vois pas souvent, le net c’est un peu tard pour l’initier) connaît une vague définition approximative de dos des blogs.
Donc mon patron, aussi, par extension. Le boulot, c’est une famille :« bon week-end ! à lundi ! fais pas trop le foufou dans la soirée BDSM à laquelle tu vas avec les 2 lituaniennes rencontrées chez Roger dont tu as parlé dans ton billet n°24 ». Avouez que ça vous refroidirait si Germaine vous sortait ça dans l’ascenseur du vendredi. Donc faut éviter le syndrome « je gère mon blog comme un ado ne gère pas son Facebook. » Ok, pas trop dur. Je suis un adulte responsable maintenant. A fond.
Parce qu’Internet c’est plein de foufous canal historique, un peu trop voyeurs sur les bords, qui aiment bien fouiller, aussi. Enfin il paraît.
Donc tout ça fait que tu peux faire le foufou sur ton blog, ok. Oui, mais pas trop.
Alors c’est une tentation. Tu te dis, « oui mais moi je suis un fou », tout à ton ardeur nouvelle, « même pas peur j’y vais, je vais tout sortir, tout lâcher, écrire même sur des douleurs de la maternelle enfouies loin au-dedans de mon ornithorynque intérieur ».
Sauf que t’as pas tellement envie, bien au fond, que certaines personnes tombent sur certaines choses dont tu aurais peut-être envie de parler. C’est plus facile de faire le foufou avec des inconnus. Parce que les faux inconnus qui ressemblent à Germaine dans l’ascenseur, bof.
Alors ça va être très pénible (surtout pour vous, perso je connais déjà assez bien mon style décousu quand quelque chose m’intéresse vraiment). Parce que y’a quand même des choses dont tu voudrais parler. Mais va falloir trouver la forme. Bon comme vous le voyez avec cette tentative, le niveau sera pas super exigeant, côté forme. Le petit malin qui a dit « et pour le fond non plus de tout’ » au fond fera trois tours de blog à cloche-pied.
Alors un blog, ça serait tout sauf faire le foufou en fait. Plutôt un exercice d’écriture, le plus régulier possible. Bon parce que ‘faut que j’vous avoue : j’ai essayé plein de fois, mais je n’ai jamais réussi à tenir un journal intime régulièrement sur la durée. Houla au moins tout ça de fois j’ai commencé des tranches. Souvent quand j’étais bien au fond, et que j’avais besoin de relire quelques jours plus tard où j’en étais quelques jours plus tôt (ça a l’air con, mais en fait non, mais n’essayez pas ça chez vous sans un bon ouvre-boîte). Mais c’est assez violent, j’aime bien me parler franchement. Donc du coup faut des périodes plus ou moins longues loin de la page et du clavier, après.
Et là le fait que la fenêtre soit ouverte, ça va peut-être me pousser à ne pas aller trop loin (parce que c’est fatigant de passer par la fenêtre, même ouverte, quand on oublie souvent ses clefs, si on va trop loin), et à y revenir plus souvent.
Donc si on se rassemble, les blogs, la vie privée, tout ça c’est déjà vu. Sauf que ça reste vrai. Donc il faut trouver un ton. C’est ça, faire le foufou, mais pas trop. ‘Tain on est jamais peinard chez soi.