Après cinq ans de travail acharné de documentation personnelle plus ou moins ordonnée, de rencontres et de pratiques du coworking, il est temps de procéder à une restitution. Premier d’une série (ou pas), ce billet va permettre de poser quelques traces dans un coin propre, d’où je viens et où j’espère me rendre dans cette communauté européenne et mondiale. Et surtout, détailler quel est son impact sur les écosystèmes de l’innovation et ceux qui font plus que prononcer ces buzz words, qui les vivent.
A chaque fois qu’on me demande d’expliquer ce qu’est le coworking pour moi, je repense à cette photo.
Au commencement était la bière Bruxelles
J’ai découvert le coworking à Bruxelles fin 2009, grâce à Mateusz, qui me fera pousser la porte du Betacowork de l’ami Ramon Suarez. Il y a en général deux motivations centrales pour tous ceux qui franchissent pour la première fois la porte d’un espace de coworking :
- Indépendant confirmé, entrepreneur débutant, freelancer ou co-fondateur de startup dans l’âme, le sujet est souvent un “travailleur de la connaissance” (un laptop, du WiFi, et en voiture mamie) qui commence à sentir le manque de la discussion impromptue et de la rencontre plus ou moins inspirante, beaucoup plus aisée à provoquer ou subir au quotidien dans une activité salariée.
- La prise de conscience que “working from home sucks” (ou depuis un café), en termes de concentration, de productivité, et de la fameuse sérendipité.
“Sérendipi-quoi ?”. La “découverte inattendue”, le truc que tu ne cherches pas mais que tu es super content de trouver au détour d’une rencontre, d’une observation ou d’une conversation. Un peu comme un troll statufié plutôt qu’en quête d’un casse-croûte. Je ne faisais pas exception à la règle, et je n’ai donc pas été déçu. Ramon est d’ailleurs assez doué pour présenter sa vision du coworking :
Une chose qui frappe tout le monde dès que tu te mets à fréquenter ce genre de communautés (et non pas de lieu simplement, j’y reviendrai) : l’innovation, la disruption dans les nouvelles façons de travailler, il n’y a pas 42 façons de les aborder. Une seule qui fonctionne en tout cas : la vivre. Ce qui est d’autant plus agréable au sein de communautés habitées par l’impérieux besoin de faire et d’enseigner par l’exemple plutôt que de bavasser et de commenter les défauts du voisin. Tout le monde peut avoir une idée géniale ; tu seras jugé avec bienveillance mais fermeté à l’aune de ce que tu es capable d’exécuter.
Pas de surprise, les communautés du coworking et des startups s’interpénètrent du coup très fortement (ce n’est pas sale). Même mentalités, mêmes pratiques, et bien souvent, mêmes personnes. L’histoire du betacowork est par exemple fortement liée à celle du betagroup, au départ en tout cas.
Installation à Lausanne : devenir coworker au quotidien
Et puis il y a trois ans et demi, après une pendaison de crémaillère d’un blogueur bleu, et la rencontre de ma future femme, je me suis installé à Lausanne, Suisse.
Il se trouve que Lausanne abrite le premier espace à se revendiquer historiquement du coworking en Suisse romande : l’Eclau. J’entre également rapidement en contact avec les genevois de La Muse, qui lancent un espace lausannois quelques mois après le début de mes recherches locales.
L’opportunité de participer à ce lancement se dessine rapidement, et j’accompagne le lieu dans la mise en place d’une dynamique communautaire saine de janvier à avril 2013. Au final, nous serons passé de 2 à 15 coworkers actifs durant ces quelques mois. J’ai continué à coworker depuis La Muse pendant tout 2013.
Les choses bougent à Lausanne, un petit groupe, qui gère déjà un bureau partagé depuis un bout de temps, me contacte pour parler du lancement d’un lieu éphémère. Ça tombe bien, depuis ma rencontre avec Luc Henry et Thomas Landrain à la conférence genevoise LIFT, entre deux couvertures numériques de sessions, je cherche un endroit où développer une nouvelle idée : construire une communauté de coworkers/makers, autour de la biologie “Do-It-Yourself”. Mars et avril 2014 se passent à G-60, à tester l’idée. Nom de code : Hackuarium.
Entre temps, d’autres micro-communautés voient le jour, à Neuchâtel par exemple, où Manuel et Sedat lancent une communauté de futurs coworkers en recherche d’un lieu. Pour capitaliser sur un besoin réel et un chouette momentum, je glisse vite fait l’idée que du pop-up coworking serait une bonne idée : investir régulièrement des lieux temporaires pendant une journée, pour travailler ensemble. Ce qu’ils se sont ensuite attelé à tester, jusqu’à trouver un espace dédié.
Le test à G-60 fait long feu, nous cherchons un endroit plus propice. C’est là que commence en mai 2014 l’aventure Hackuarium + UniverCité, mais on en parlera en détail une autre fois.
A Genève, l’ouverture d’Impact Hub l’an dernier, puis de Voisins et du Seedspace ; et plus tard de ce côté-ci du Lac la mutation de la communauté des coworkers de feu La Muse Lausanne en Work ‘n Share auront définitivement marqué le début d’un mouvement romand de fond. Mouvement qui se concrétisera en juin dernier par notre présence au comité de Coworking CH (plus en anglais sur tout ça dans ce récent billet).
La construction de mon espace idéal lausannois (ou presque) est sur la bonne voie. Je suis fier du travail abattu cette année écoulée à UniverCité à Renens. Beaucoup de travail, des collaborations sensées avec des gens bien cools me permettent enfin d’avoir une “base arrière”, que j’ai contribué à faire émerger de terre et qui me ressemble. L’outil est presque construit, on va pouvoir commencer à l’utiliser !
Si toi aussi tu cherches encore le tien d’espace qui te ressemble, je te propose de le co-construire ensemble. Tu peux laisser ton email ici, pour qu’on en parle régulièrement et que je vois comment t’aider jusqu’à la fin d’année.
Faire ses devoirs : de SxSW à la Coworking Europe Conference 2015
Tout ça c’est très bien, mais il faut bien apprendre des autres, de ceux qui pratiquent depuis plus longtemps, ailleurs, autrement. Voici une liste de mots-clefs qu’on détaillera dans d’autres articles à suivre :
- Crowdfunding, Coworking Europe, Barcelona 2013
- Rencontres, apprentissages (fil rouge 2013, de SxSW à #CoworkingEU, en passant par Lift, OKCon…) ; ce que j’en ai retiré et pourquoi mon épouse est formidable.
- Coworking Visa : canvas.co/work et autres
- GCUC
- Copass – Toulouse, Lisbon Camp
- Coworking Europe, Lisbonne 2014
- Tilios 2015
- Coworking CH
- Il y a même désormais un coworking dans la ville de ma Môman
- A venir : Coworking Europe, Milan 2015
En passant, nous pouvons encore accueillir 1 membre fixe et environ 10 membres flex jusqu’à la fin de l’année à UniverCité dans notre #UCcoworking, il suffit de remplir ce formulaire.
3 replies on “Ce qui change dans ta vie avec le coworking”
Mais tu parles pas de moi là-dedans… MERCI!!!
Y’avait une référence à toi dans un brouillon mais elle a sauté. Réparons ça de ce pas !
<3