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Originalement, Inception

Bon déjà on va écluser le point central immédiatement : va. le. voir.

Je vais t’expliquer un peu pourquoi, mais réserve ta place pendant ce temps.

 

C’est toujours très irritant les films où absolument TOUT le monde à part trois aigris (toujours les mêmes, à croire que le ciné faudrait qu’ils songent à arrêter), et ton beauf qui aime toute la filmo de Michael Bay, te disent d’y foncer. Oui, je sais, moi non plus je n’aime pas ça en général, ça me donne envie de détester juste par principe. Et pourtant.

 

Faut bien dire, et c’est ce qui pourrait te faire te tromper sur Inception au premier abord, le scénario n’est pas inutilement tarabiscoté. Non, c’est juste que pour une fois il y A un scénario. Oui je sais, ça choque, on ne se souvenait limite plus de l’impression que ça faisait, ces derniers temps. Et rien que ça, putain que c’est bon. Ça nous manquait.

Tu n’auras pas vraiment à te prendre la tête à l’apéro après avec les potes, tout est balisé, limpide, un peu trop peut-être si tu veux faire la fine bouche. Mais c’est tellement bien fait.

 

On va rapidement te vendre la photo impeccable, le montage tellement chirurgical que c’en est limite indécent sur une telle longueur, la scène du baiser intelligent, celle du mécano mental d’apprentissage d’Ariadne dans un Paris déstructuré.

 

Arrêtons-nous quelques instants sur les « scènes de combat ». Et bien justement. Elles sont en place, surtout pas sur-vendues comme c’est beaucoup trop souvent le cas. Les plans-séquences de quatre minutes de fusillade vont te sembler bien fades à l’avenir. Oui, dans Inception, les mecs qui tiennent un flingue savent rêver, viser, et tuer avec.

Et la scène du couloir de l’hôtel sera sûrement légendaire dans la filmo de Gordon-Levitt dans quelques années, tellement c’est un bonheur de découpage chorégraphique.

 

Faut quand même parler un peu de la façon de traiter le sujet du rêve. Si je ne dois retenir que deux éléments bluffants : le temps qu’il faut pour s’enfoncer dans le rêve profond et le rôle central de l’Architecte pour stabiliser suffisamment le contexte pour que ce soit possible, mis en parallèle de façon ô combien fine avec le moment brutal du réveil, ou de la remontée progressive, par le kick et tout ce qu’il implique. Qui eut cru qu’il soit si difficile mais central de savoir bien tomber dans son sommeil. C’est bien vu, c’est tout.

 

Voilà, on voudrait bien te faire un truc un peu rageux, un peu « oui mais bon y’a quand même une petite déception, vite fait ». Mais c’est juste pas dans l’ambiance. Va, vole, fonce le voir, et nous venge de toutes les daubes qu’on s’est coltiné depuis Matrix : la comparaison est sûrement un peu facile, mais je vais quand même avoir du mal à me dire que je vais voir une merde la prochaine fois que je vais revoir un « WB » noir sur fond blanc au générique. Ça commence à être une putain de marque de fabrique bien rassurante, ou en tout cas maintenant on m’y a fait croire. Et pourtant j’étais réveillé. Hum, où est mon totem ?

== publié sur sens critique. ==