Après cinq ans de travail acharné de documentation personnelle plus ou moins ordonnée, de rencontres et de pratiques du coworking, il est temps de procéder à une restitution. Premier d’une série (ou pas), ce billet va permettre de poser quelques traces dans un coin propre, d’où je viens et où j’espère me rendre dans cette communauté européenne et mondiale. Et surtout, détailler quel est son impact sur les écosystèmes de l’innovation et ceux qui font plus que prononcer ces buzz words, qui les vivent.
A chaque fois qu’on me demande d’expliquer ce qu’est le coworking pour moi, je repense à cette photo.
Qu’est-ce qu’on partage quand on présente au détour d’un tweet sa sélection arbitraire et la plus spontanée possible de dix livres ?
Les dix livres à lire absolument ? Les dix sans lesquels notre vie n’aurait pas été la même ? Les dix que l’on relit régulièrement, ceux qu’on n’a jamais réussi à relire ? Les dix qu’il faut avoir lu pour avoir une chance de vous comprendre ? Compliqué. C’est intime, une liste de livres. Ça creuse profond. Ou au contraire c’est un pied-de-nez.
Dans mon cas, qu’est-ce qu’on se met sous la dent ?
Les armes secrètes, Julio Cortázar.
Certaines nouvelles changent une vie. D’autres élargissent l’horizon. Cortázar fait tout ça, et mieux.
“Alors Dédée a dit qu’elle allait préparer du nescafé. Cela m’a fait plaisir de voir qu’ils avaient au moins une boîte de nescafé. Quand on a une boîte de nescafé, on est pas tout à fait dans la misère noire. On a encore de quoi tenir un peu.” — Extrait de “L’homme à l’affût”.
A Little Larger Than the Entire Universe, Fernando Pessoa.
Pessoa, c’est l’auteur que tu as envie d’envoyer à la gueule par brouettes aux incultes qui parlent trop, à ceux qui n’ont jamais connu la lumière de fin de journée sur Lisboa, ceux qui ne connaissent pas la saudade, la culture d’un peuple de la mer qui vient de loin. Les bas-du-front qui te parlent de carreleurs et de poils. Sombres cons.
Ruy Blas, Victor Hugo.
Central. Le drame romantique, la bataille d’Hernani… Hugo au sommet de son art dramaturgique, avec une préface au moins aussi importante que la pièce elle-même. Il y avait à cette époque les génies capables de changer une manière séculaire d’écrire pour la scène, et ceux encore plus géniaux capables de l’expliquer aux autres.
Et puis le thème. Grandeurs et décadences du pouvoir, des hommes qu’il transforme. L’amour, et ses stupidités comme ses grandeurs. Et puis l’Espagne, celle du grand siècle. J’ai étudié cette pièce en usant mes jeans sur les chaises d’un lycée du Sud-Ouest, je me souviens encore de ma phrase d’introduction de la dissertation qui me valu 17/20 au Bac. Je vivrais deux ans plus tard dans une ville où ceux qui avaient fuit Franco et leurs enfants changeaient l’art et la façon de vivre.
Les neuf princes d’Ambre, Roger Zelazny.
Rentrer dans un univers, s’y laisser draper, en tellement peu de mots que c’en est vertigineux.
Comme 1984, mais en plus actuel. Appel à la Volte, au refus de ce qu’on pense pour toi, mieux, dans d’autres cerveaux.
The Elephant Vanishes, Haruki Murakami.
Ce recueil de nouvelles m’a appris le sens de l’absurde, là où mes Bruxellois préférés n’avaient que commencé le travail.
Des nouvelles comme “Sleep”, qui commence par cet exceptionnel : “This is my seventeenth day without sleep”. Ou encore :
“Now, of course, I know exactly what I should have said to her. It would have been a long speech, though, far too long for me to have delivered it properly. The ideas I come up with are never very practical.
Oh well, it would have started “Once upon a time”, and ended “A sad story, don’t you think?” (…)
But the glow of their memories was far too weak, and their thoughts no longer had the clarity of fourteen years earlier. Without a word, they passed each other, disappearing into the crowd. Forever.
A sad story, don’t you think?
Yes, that’s it, that is what I should have said to her.” — extrait de “On seeing the 100% perfect girl one beautiful April morning”.
Pour en apprendre davantage sur la solide culture musicale de l’auteur (qui a aussi tenu un club de jazz dans une de ses vies), je recommande chaudement l’excellent “Haruki Murakami and the Music of Words”, par Jay Rubin (Vintage, 2005).
L’homme précaire et la littérature, André Malraux.
Ma fierté de rat de rayonnages : épuisé et introuvable pendant longtemps (un libraire de mes amis m’apprend à l’instant qu’il vient d’être réédité), j’avais chopé le dernier de la maison Castela aujourd’hui fermée, au coin du Capitole toulousain. La vision du ministre de la culture Malraux, une érudition qui calme un peu. A lire avec un bloc-notes pour toutes les références qu’on n’a pas et qui ne feront pas de mal à acquérir pour devenir un honnête homme de l’art.
Il trône dans ma bibliothèque à côté du best-seller de Joël Dicker, pour rigoler.
Sept jours pour mourir, Ingrid Black.
Le dernier livre que j’ai emprunté à mon père de son vivant, le dernier d’une glorieuse et longue série. C’est stupide, il avait une collection de polars tous plus brillants les uns que les autres, et il a fallu que ça tombe sur cette daube. Ironie du bouquin qu’on picore un soir sur une étagère.
Le Seigneur des Anneaux, J.R.R. Tolkien.
Lu tous les ans de mes 16 à mes 26 ans. Pour la scène de la boule de furie naine qui sort d’une poterne et fait rouler des têtes d’orcs d’un geste alerte dans la boue du Gouffre de Helm, principalement. Cette édition spéciale a survécu au feu et à l’eau, j’y tiens particulièrement.
Un peu de contexte pour les data lovers :
Le point de vue et l’analyse du mathématicien, de l’historien, et de la femme de ma vie. Ma pile a été soumise trop tard pour faire partie des data traitées, mais ça vaut le coup d’œil tout d’même.
Il est temps de m’attaquer à quelque chose qui me trotte dans la tête depuis un moment : des articles courts, de type tuto (comme celui-ci) ou de réflexion sur mon métier et ses enjeux, particulièrement dans le marché suisse romand, pittoresque s’il en est. Appelons ça la catégorie Social Media et Lolfluence. Au hasard.
Commençons par une très courte présentation (pour l’occasion, si vous ne connaissez pas la superbe alternative à slideshare qu’est speakerdeck, foncez. Pas de raison que seuls les habitués de github s’y éclatent).
Problématique : Sylvie, ma coworker, veut jouer avec Pinterest sur sa page pro (celle de son agence de communication et marketing, Antipod).
Comment bien séparer les aspects personnels et professionnels de son activité sur ce canal social (par défaut, un compte Pinterest est lié à un compte Facebook personnel) ?