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Choisir et partir

Disclaimer : Texte moyennement intéressant si tu n’es pas moi, mais j’ai une excuse, je l’ai commis dans un train.

Qu’est-ce qui est important, qui l’est suffisamment pour que cela s’impose de soi-même avec simplicité ?

Qu’est-ce qui mérite de se voir allouer les efforts appropriés à ce niveau de priorité ?

Aujourd’hui, ma vie manque de sens. Par un cheminement étrange, comme tous les cheminements de vie, j’arrive à un point où je sais qui je suis, et à peu près ce que je ne veux pas faire ou être. J’ai pris conscience que tous les possibles ne seront pas éternellement devant moi de manière assez brutale en début d’année, qu’il va falloir réduire le champ, ou à tout le moins le limiter temporairement pour ne pas battre l’air inutilement.

Reste à se mettre en chemin.

Il y a cette envie de déménager, qui commence à se préciser sérieusement, comme toujours à l’approche de la marque fatidique des trois ans quelque part, qui sera réalisée en novembre de cette année pour mon temps à Bruxelles.

Il y a des découvertes, des rencontres. Cela fait bien trop longtemps (6 ou peut-être 7 ans maintenant) que je ne peux plus répondre « oui, évidemment » quand on me demande à mon arrivée quelque part si c’est ‘pour une femme ?’, et que je ne peux plus m’amuser des sourires mal entendus de ceux qui n’ont jamais osé, ensuite.

Il y a le manque de la mer ou de la montagne, ou des deux.

Il y a l’envie du retour à un terroir particulier, différent, multiculturel, mais bien dans ses pompes. L’envie d’un vrai métro (la faute à Toulouse, aujourd’hui).

Qu’est-ce qui va faire que je vais franchir le pas cette fois-ci, ne pas partir sur un malaise mais sur une envie ?

Crédit photo : Flickr CC compujeramey

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Slow Clap is the new Facepalm

Un lien, un descriptif lapidaire, retweeté, c’est-à-dire partagé, par un pote que l’on sait friand de la vanne percutante : ça commence souvent comme ça, le LOL, la franche poilade, sur twitter. La curiosité et la confiance en la recommandation par les pairs, pour s’assurer le quota de rire qui détend.

Et puis parfois, on peut tomber sur quelque chose de très drôle, certes, mais qui fait également réfléchir quelques instants. C’est ce qui vient de m’arriver, avec la découverte de « Slow Clap For Congress », une initiative de citoyens américains désireux de faire comprendre avec un peu d’ironie et un chouette sens de la mise en scène minimaliste, que la dernière séquence liée au plafond de la dette n’était pas exactement à leur goût.

“Dear Congress,

For your leadership, your maturity,
and your inspiring ability to perform the basic duties of your job,

We applaud you.”

Quelques exemples que je trouve superbes d’ironie :

Je suis né et j’ai grandi en France, de parents anciens militaires de carrière. Aujourd’hui, je vis à Bruxelles, Région de Bruxelles-Capitale, Belgique, Union Européenne. Ce cadre prédispose peut-être à un goût accru pour la chose publique, ce qu’elle signifie, comment elle doit être respectée un minimum, et pas seulement les jours de pluie dans la cour des Invalides, devant des cercueils recouverts d’un drapeau, pour faire bon ton.

L’approche de l’élection présidentielle française, l’an prochain, et les premières interviews généralistes ou analyses sur des sujets qui me tiennent à cœur, me navrent. Les journalistes sont au travail, mais les politiciens ne sont simplement pas au niveau. Tellement loin d’y être.

Les sorties stupides, à l’affût de la moindre connerie populiste qui fera mollement le buzz, par quelques spécialistes du genre, m’ennuient, me font mal au pays, à un point que j’en deviendrais hargneux, presque. Evidemment, avoir une sensibilité politique de type « centre-gauche » (cherchez pas, c’est tellement démodé qu’il n’y a plus de partis sérieux pour ça en Europe), en 2011, je cherche la merde moi, aussi.

J’ai très envie de faire comme Jesse, en somme :

Crédits photo “Facepalm” : CC Flickr Joe Mott 

D’après un RT original et un fou rire provoqués par @jimmacfly

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Mords sur ta chique

« Mords sur ta putain de chique ». C’est par ce belgicisme ampoulé qu’un ami (pas au sens facebookien du terme. Non, tu sais, les gens avec qui tu bois quand ça va, mais aussi quand ça ne va pas, ceux avec qui tu vas écouter de la musique et bien manger. Et parfois tu ne bois pas, tu te parles franchement. Et parfois tu fais les deux, certes), c’est en ces mots imagés qu’un ami, disais-je, me résumait il y a quelques nuits cette période de ma vie et les conneries qui vont avec.

Même à 4 grammes de sang dans l’alcool, le belge est en effet souvent capable d’une fulgurance rare. L’entraînement, sûrement.

Passons sur cette apologie de la boisson qui, bien que subtile, pourrait effrayer, et expliquons tout de go le sens de cette belle locution, peut-être sibylline pour toi, hypothétique lecteur d’outre-Quiévrain ou d’ailleurs.

« Mordre sur sa chique », c’est, en un mot comme en cent, encaisser. Se retenir de l’ouvrir, continuer, avancer en serrant les dents, en mâchonnant sa « chique » (chewing-gum) pour qu’on ne t’entende pas trop grommeler. « T’occupe et trace », « garde le cap et patiente ». Et bosse, bosse, bosse ; améliore-toi et améliore le monde. Il est comme ça, le belge. Pire que Courage Wolf, et à 4 heures du mat’.

Faut dire qu’il vient d’un pays où en dehors de cette philosophie simple et efficace, point de salut. Tu attends pour tout, à Bruxelles, tu as besoin d’une patience affûtée. Tu attends qu’un gouvernement daigne se former plus d’un an après les élections en essayant de ne pas oublier les bruxellois dans le débat. Tu attends que ton facteur daigne comprendre, au bout de presque 3 ans, que vu que tu commandes pas mal sur le net, ça serait sympa d’utiliser ces saloperies d’avis de passage, bordel. Tu attends un métro 15 minutes en heure de pointe en soirée, tu attends qu’au moins un bus de banlieue prévu sur 3 daigne desservir ton arrêt. Tu attends que certains films sortent enfin (ou plutôt, jamais) ou restent plus d’une semaine à l’affiche. Tu attends Spotify. Tu attends que l’administration te réponde en moins de 6 mois. Tu attends l’été. Ce qui fait que tu attends souvent pour rien, en Belgique. Faut bien s’occuper de sa vie en attendant.

Mais revenons à notre loup.

Je ne t’ai pas dit, mais c’est vrai que ces temps-ci, je déconne pas mal. Je glisse, je dérape. Je cherche sans succès ma position de contre dans la Horde, je bloque mal, je dévisse, je me luxe l’épaule. Et je perds des gens en route.

J’ai plein d’excuses très bien rangées, qui m’emmerdent d’un ennui mortel, donc bien au fond, je n’ai pas envie de les détailler exhaustivement au monde entier.

Le Vent passe, et je ne fais pas le poids, nerveusement, mentalement, physiquement, et c’est tout. Sûrement que c’est nul, que tout le monde y arrive sauf moi. Oui, et alors ?

Alors le belge, ça l’énerve, il ne comprend pas. Et tu n’arrives pas à lui expliquer, parce que bien au fond, il a sûrement raison, tu aimerais bien suivre son conseil sans réfléchir. Mais à un moment, simplement, tu dis juste « ¡Ya basta! », sans crier, sans volonté de faire le malin, tu fais vachement plus spectaculaire quand tu veux faire le malin ; pour pouvoir récupérer ton souffle sur le bas-côté. Et cracher ta chique, parce que si tu continues, tu vas te péter la mâchoire et le reste, ou des gens. T’es désolé, mais c’est comme ça. Et faut bien être belge pour confondre la fierté gasconne avec la fatigue. C’est simple pourtant : si ça ne nous fait plus sourire, ce n’est pas de l’orgueil.

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L’Taulier.

Bientôt ici, un dépoussiérage de printemps de bon aloi. Que c’est donc original en diable !

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Cinquante-huit

Cinquante-huit. On n’y fait pas vraiment attention. Ce n’est pas impressionnant, pas censé être notable.

C’est très con comme chiffre, quand on y pense. Même pas foutu de faire un compte rond, ou de faire référence à quelque chose. C’est beaucoup moins bien que quarante-deux, par exemple. C’est d’un banal !

Cinquante-huit ans. C’était l’âge de mon Père, depuis six jours.

J’ai oublié de l’appeler pour son anniversaire.

On n’y fait pas vraiment attention dans la famille à vrai dire, ce n’est pas si important. Une semaine sans prendre de nouvelles, ça passe vite. Une grosse grippe, c’est la saison, et il ne parle pas facilement de sa santé, va rarement chez le médecin, ne veut pas entendre parler d’un arrêt-maladie. Et puis on a sa vie, ses problèmes. On est un peu loin. On a tout un tas de jolies excuses toutes prêtes à servir.

Il est mort hier.

Comme ça, fragilisé en deux semaines, emporté en une nuit, effacé.

Ils ont parlé de son cœur.

*

Cinquante-huit, ça met en colère. Plutôt tempêter que pleurnicher, après tout.

C’est la mesquinerie d’une administration qui n’avait même pas le début d’un « désolé » convaincant à fournir pour faire avaler la pilule du « deux à trois ans de plus parce qu’on n’a pas su gérer, mon bon monsieur » à quelqu’un qui passait déjà sous les métiers à tisser industriels pour nourrir sa famille à treize ans.

Pas qu’on soit vraiment surpris, étant donné que c’est la même administration qui lui demande plutôt deux fois qu’une s’il est bien Français quand il faut renouveler une carte d’identité, parce que ma grand-mère a eu le mauvais goût de le faire naître à Mouscron, ces lointaines tropiques, dans la rue de l’autre côté de la frontière. On ne lui avait pas posé la question avec tant d’insistance pour l’émanciper à dix-sept ans, quand il a demandé à partir servir son pays sous les drapeaux.

Soyez contents, on est assez mauvais au jeu dans la famille. Vous ramassez le pactole, donc, puisque cinquante-huit, ça n’est pas assez pour avoir eu le temps de profiter un peu de cette obscène loterie. Heureusement, le plaisir du second tirage -assurances, notaires- reste intact.

*

Cinquante-huit, cinquante-huit, cinquante-huit.

Les traverses, les arbres du bord de voie, les roues et le moteur poussif de ce train merdique improbable de la France profonde qui me ramène chez mes parents ; tous ont cet insupportable mantra à la bouche.

Cinquante-huit ans, dont trente-et-un à aimer Maman, et trente à essayer de me transmettre à sa façon un exemple, une attitude. Des doutes, aussi. La valeur absolue de la passion et de la volonté d’excellence, comme remparts face à la médiocrité du monde et des gens, pour trouver un peu de sens.

L’honneur de subvenir aux besoins des siens. Parce qu’on n’a pas le droit de se permettre de faillir, jamais. Un orgueil brut, à vif, qu’on transforme en force qui va, qui se lève le matin, et qui se tient debout, qui fait face, qui ne recule pas. Parce que. Par amour des seuls qui comptent vraiment, sans le dire : les mots sont inutiles quand on fait.

C’est ça, avoir du cœur, et s’en servir. Un peu trop, jusqu’à l’user.

*

Repose-toi maintenant, Papa. Plus longtemps qu’un demi week-end ou qu’une nuit de six heures d’anxiété entre deux journées sur la route. Un peu trop loin du canapé du salon un dimanche après-midi, et de nous.

Je vais continuer à courir après les mots, les pages, les livres que tu aimais tant. Pour tous ces mots qu’on n’a jamais réussi à se dire calmement, pour ceux qu’on n’aurait pas dû se dire, ou pas comme ça. Pour les mots inutiles et dérisoires, les mots qui cachent ce qu’on ressent vraiment, qui sont pratiques ; la météo, l‘argent, le quotidien, les brunettes. Pour les mots que Maman essayait de porter de l’un à l’autre quand on n’y arrivait vraiment pas entre nous seuls, trop cons pour céder.

Pour tous ces mots d’avant, et pour ces mots-ci qui me restent en travers de la gorge, maintenant, et que je balance à la gueule de l’indifférence des connectés, simplement pour que ça sorte.

Mais il y a bien plus important que les mots.

Je vais faire, faire encore plus. Tout faire. Aimer. Rester debout. Saisir la vie au collet, la secouer jusqu’à ce qu’elle comprenne quelle erreur c’était de vous priver Maman et toi de la joie simple et amplement méritée de quelques années de calme, après, demain.

C’est tout ce que tu as trouvé pour finalement me pousser à passer à la vitesse supérieure -la tienne- ?

Tu gagnes. J’ai compris, je crois.

Pour la ponctualité, je ne peux rien te promettre, par contre. Partir très en avance, je ne suis toujours pas convaincu.

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“Un plaidoyer pour le dislike”, Henry Michel

“Et Facebook sera un vrai réseau social le jour où nous nous libérerons du joug de ce positivisme forcé, de ce like à tout va, pour embrasser enfin la complexité de nos relations aux autres, des chemins tortueux qui nous mènent à la culture, et de notre belle propension à ne pas aimer.”

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Paul Thomas Saunders – “Appointment in Samarra”

On en a parlé sur One Song One Day. (via les excellents foufous de Branche Ton Sonotone)

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Marry Him.

leyeti: Marry Him.
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Une chanson chaque jour rallonge le parcours

Pour les malheureux devant me supporter sur twitter ou facebook, vous aurez remarqué que je link ou retweet souvent un site en ce moment : One Song, One Day.

Mais pourquoi-t-il donc ma bonne dame ?, inquiquerez-vous à raison (du verbe “inquiquer” -un copyright So-, “action de s’interroger avec le sourcil du doute constructif : +Hein ? Qui ? Que ?+”). Ruinons ici tout suspense : il se trouve qu’on m’a proposé de rejoindre l’aventure pour ce début d’année, et que j’ai accepté.

One Song, c’est tout d’abord Cécile, qui postait une chanson par jour (les plus subtils avaient déjà percuté le concept) depuis environ deux ans. Et puis en fin d’année dernière, la lassitude s’est un peu installée, elle voulait arrêter. Faut dire que Cécile est un peu hyperactive, et qu’elle a plein d’autres trucs en cours à côté, en plus de son boulot.

C’était sans compter sur ses potes bruxellois, et les potes de ses potes. Nous sommes donc maintenant trois, en plus de Cécile, à proposer la musique que nous découvrons chaque jour :

Yann a la lourde tâche de s’occuper de vos débuts de semaine ; Mateusz essaye de faire en sorte que vous passiez à travers les mercredi et jeudi avec du bon son dans les oreilles ; Cécile s’est réservée le départ en week end ; et votre serviteur a le plaisir de sonoriser vos réveils de 14 heures du matin les samedi et dimanche.

Le principe est simple : se faire plaisir, et partager la musique que nous trouvons dans les recoins des internets participatifs, au hasard de nos pérégrinations du moment. Pas de limite de genre, de la reprise country à la J-pop. On ne va pas vous mentir, nous avons tous une tendance certaine à pencher du côté de l’indie folk / rock, tout d’même. Et comme on est un peu 2.0 sur les bords, rien qui ait plus de six mois.

Un petit aperçu de la sélection depuis le début du mois ? The Dø, Lykke Li, Noah and the Whale, Emily Jane White, Mogwaï, Rivers Cuomo, Anamanaguchi, Indian Jewelry, Jujiya & Miyagi, Iron and Wine, Yeasayer, Nóra, Adele, Mister Heavenly…

Voilà, on vous attend nombreux, parce qu’on ne se casse pas le cul à fouiner pour dégoter du bon matériel à esgourdes pour que le monde s’en foute. Quand même.

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Message de service (après-vente)

Pour les gens ayant lu ou apprécié mon petit accès de grosse colère d’il y a une dizaine de jours sur la déprogrammation du “Monde de Sophie” :

Rappelons l’adresse du blog de Sophie Chevalier, a.k.a sofistar.

Y’en a un peu plus, je vous le mets quand même : la page facebook.