Cela fait quatre mois que je ne donne plus.
Je m’étais fait accoster devant ma station de métro par une demoiselle souriante, convaincante, et drôle, ce qui est un ensemble peu courant dans ce genre d’activité. Il faisait beau, j’étais de bonne humeur, je n’avais pas mon casque réglé sur “MOAR LOUDER” sur les oreilles : combinaison encore plus rare. J’ai donc donné pendant un an, 10 € par mois, à l’UNICEF belge. Et puis au moment de quitter la Belgique et de mettre de l’ordre dans mes comptes bancaires, j’ai supprimé le virement automatique
Il y a quelques années, j’ai essayé le bénévolat, pour me retrouver dans une équipe qui ne me plaisait pas du tout : arrêt au bout de trois semaines. Il y a des cons partout, même chez ceux qui veulent servir à manger aux sans-abris et papoter un peu avec eux, quand ils en ont envie et que tu ne sens pas trop le savon et la pitié.
Ça ne fait pas de moi un exemple, encore moins un type avec quelque chose d’intéressant à dire sur le sujet. Et c’est bien mon problème : j’aime donner, j’aime participer, j’aime partager, par tous les moyens. Mais les parcours classiques à ce sujet – dons d’argent ou de temps à des “œuvres charitables” – ne me conviennent pas du tout.
Je ne lis pas les comptes-rendus que l’on m’envoie ; c’est au mieux un gaspillage de papier. Je ne me sens pas impliqué. Je ne me sens pas partie d’un tout (je déteste ça en général, de toute façon). J’ai besoin de me sentir déterminant, pas seulement partie d’une masse de donneurs. Et même quand je n’ai rien ou pas grand chose à l’échelle occidentale, je sais que je peux quand même faire quelque chose.
Deux possibilités se présentent en ce moment à moi pour essayer de varier tout ça, de trouver une façon de donner qui me convienne. Vous aurez peut-être des idées plus fines et plus pertinentes.
Le micro-crédit
La dame avec qui je vis, qui en plus de me rendre heureux pose en général un regard vif et original sur ce monde en folie, a rejoint un système de micro-crédit finançant tous types de projets dans des pays émergents ou particulièrement défavorisés, de l’entrepreunariat classique et simplement malin de faire appel aux Internets mondiaux qui cherchent un moyen de chasser l’ennui, au projet de pompe à eau potable un poil plus vital.
Il en existe plusieurs, celui qu’elle m’a présenté s’appelle Kiva.
Ça a l’air très bien fait, si tu es parrainé on te prête même 25 USD virtuels que tu peux utiliser pour financer de vrais projets. Et le site est propre et agréable à l’usage, ce qui est rare et parfois plus que rebutant pour moi (oui je suis un horrible snob, mais je le vis bien).
Sauf que je n’accroche pas. Après deux soirs à passer en revue les sollicitants pour un prêt, rien qui ne m’ai tapé dans l’œil.
Le crowdfounding
Peut-être que je ne suis pas fait pour le don. Ou pas comme ça.
Peut-être que ceux que j’ai vraiment envie d’aider, ce sont de mesquins nantis comme moi, qui ont des préoccupations certes passionnantes et créatives, mais beaucoup plus futiles.
Peut-être que si je consacrais un petit budget pour jouer avec deux projets par mois sur Kickstarter, ça me suffirait. On n’y trouve pas que les “million-dollar projects” dont se régalent les journalistes spécialisés en ce moment, mais aussi du financement de documentaires très engagés, par exemple.
Comment tu donnes, toi ? On en avait parlé sur les internets il y a quelques mois, j’ai continué à y réfléchir, sans trouver de réponse satisfaisante.