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Gigolette influente Parfois je me pose des questions plus ou moins à la con

Police de la créativité jurassienne, vos papiers siouplé !

Cela fait cinq jours que j’arpente l’Arc Jurassien à bord du #labdavanac, le van connecté de mon pote Damien qui nous sert de newsroom mobile, en compagnie également de Benoit, vidéaste de talent (entre autres). Toutes sortes de sympathiques personnes ont embarqué à tour de rôle avec nous, des membres de Système J, l’initiative associative qui nous donne cette opportunité, aux journalistes locaux en passant par de créatifs et déjantés jurassiens de naissance ou d’adoption. C’est le #systemeJontour et son backtrack géolocalisé, dans le cadre de la Semaine de Créativité au Jura #sdlc2015. Viens on t’emmène (fieu).

labdavanac_sdlc2015

C’est la première fois que je mets les pieds dans le Jura. Le but n’est évidemment pas d’arriver de l’extérieur avec une posture de jugement. Au contraire, il s’agit d’aller à la rencontre de gens exceptionnels avec le plus de curiosité et d’ouverture possible. Et ça fonctionne. Les capsules vidéos quotidiennes de Benoit permettent de prendre la température du plaisir que nous avons eu à échanger avec toutes ces “pépites” de créativité jurassienne concentrée.

Ne pas faire contre mais faire autrement

Le moment passé au Pantographe à Moutier (Jura bernois) a été un de mes moments préférés. Gilles et Ondine, “concierges” ou résidents permanents de ce tiers-lieu culturel autogéré depuis respectivement 9 et 6 ans, sont des passionnés. Ils accueillent tous types d’artistes et co-organisent concerts, expositions et performances. Tout en frappant monnaie et en animant une radio libre.

On peut aussi boire un verre à prix libre au bar ou se dégourdir les mains dans les ateliers de travail du bois ou du métal. Leur approche radicale est-elle pérenne ? Ils sont là depuis 9 ans et ont surmonté un paquet d’obstacles…

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Ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait autres, la rencontre avec Géraud, propriétaire du bâtiment abritant la Galerie du Sauvage à Porrentruy, et Yann, membre de l’association Muzak qui organise régulièrement des concerts de 60 à 100 personnes dans la dite galerie, nous a permis de poursuivre sur ce thème. Ils ne sont pas un des centres culturels “officiels”, mais ils sont incontournables dans la région. Sur le thème spécifique de l’expo photo, Géraud rappelle qu’à moins d’aller chercher du côté du Musée de l’Elysée à Lausanne, ils n’ont pas d’équivalents loin à la ronde.

Jacques Chapatte, journaliste au Quotidien Jurassien qui a passé la journée de jeudi avec nous (son papier qui me baptise “self-made geek qui dégaine son smartphone plus vite que son ombre” est ici), nous a rappelé que le Canton du Jura sort d’un programme d’économies cantonales assez douloureux au niveau culturel. C’est aussi un des soucis potentiels d’image pour Systeme J : au montage du projet, certains furent prompts à demander “c’est quoi ce gros truc qui va nous bouffer nos thunes ?”.

True Makers

Deux rencontres hier nous ont rappelé à quoi ressemblent les “faiseurs”, les vrais. Le lien avec l’association “Nos 10 doigts”, notre première rencontre de la semaine mardi à Tavannes, est évident.

André Gaignat est le dernier sabotier de Suisse. La visite de son atelier fut une gourmandise, un plaisir de curieux. Un grand-père qui ressemble au mien, l’étincelle de malice aux yeux quand il explique que parfois le bon sens est inégalement réparti. Sa fille et son gendre reprennent l’atelier, commencé par son père dans les années 30. En attendant, Dédé le sabotier continue inlassablement à partager la passion de sa vie avec nous ou avec les cars de touristes ou d’écoliers qui envahissent régulièrement Cornol grâce à lui.

Gilles Pape est agriculteur, et bien plus que ça. Connu par exemple pour ses huiles et son safran, il nous a fait goûter sa dernière création, pas encore sur le marché : une pâte de noisette de qualité supérieure (70% de noisettes), sans toutes les saloperies qu’on trouve dans la célèbre concurrence. A elle seule une raison de venir au marché de Porrentruy tous les samedis ou dans sa ferme de Lugnez.

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Aide ou soutien ?

Seuls, désabusés, les créatifs jurassiens ? C’est une question qui est revenue plusieurs fois dans nos conversations tout au long de la semaine, particulièrement avec les acteurs culturels. A la fois fiers d’avoir (souvent) démarré leurs activités sans demander la permission de personne, et parfois en voie d’épuisement.

Comment soutenir efficacement ces efforts et ces exceptionnelles aventures humaines ? Comment faire en sorte de favoriser l’éclosion d’activités similaires et éviter que de fragiles initiatives ne disparaissent ? Toutes ces questions ouvertes sont sur la table, et Système J aura besoin d’un maximum de collaborations avec l’ensemble du riche écosystème des créatifs jurassiens pour trouver des réponses pérennes.

A titre personnel, il me semble que beaucoup est fait avec très peu, et que c’est aussi le rôle de la puissance publique de ne pas laisser tomber ceux qui ont déjà fait leurs preuves. Respecter leurs avis, investir dans leur développement. Un commun se construit et se défend ensemble.

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Méfiez-vous des contrefaçons, réclamez la vraie créativité jurassienne ! Et retournons très vite au marché de Porrentruy racheter des saucisses de l’Ajoie.